Révolte vaginale contre Abrège Frère

La rédaction
Démocratie Participative
18 février 2024

 

Ce chinois a commis une grave erreur. Il fait gagner du temps aux hommes en coupant le sifflet des lavandières 2.0.

@abregefrere Abrege stp #abregefrere #storytime #storyrtimelong ♬ son original – abregefrere

C’est la chasse à l’homme.

La rage des traînées est telle qu’une garce de BFMTV a fait un essai sur la question. C’est l’article le plus long de BFM depuis que le site internet existe.

BFMTV :

Des tiktokeuses ont dénoncé cette semaine les répercussions du compte « Abrège frère », qui s’amusait à résumer des vidéos en quelques secondes. Elles y voient un moyen de « silencier » les femmes et un vecteur de cyberharcèlement.

Sur Tiktok, les femmes veulent pouvoir raconter leurs histoires tranquillement. Plusieurs d’entre elles ont pris la parole cette semaine sur le réseau social à propos d’un autre compte Tiktok, sobrement intitulé « Abrège frère ».

Le concept est simple, inspiré par d’autres tiktokeurs à l’étranger: Abrège frère reprend des vidéos de personnes racontant une histoire sur la plateforme et les écourte en les résumant en quelques secondes. Une manière d’arriver directement à la fin d’une histoire parfois racontée en plusieurs minutes.

Le compte créé fin janvier et suivi par plus d’un million de personnes sur Tiktok a été banni de la plateforme le samedi 10 février. La suppression du compte a été revendiquée par un hacker, qui n’a pas donné ses motivations.

Le compte est à nouveau en ligne et le « hacker » est un beta rageux.

Depuis, plusieurs utilisatrices ont dénoncé les dérives de ce concept. Elles ont notamment souligné qu’Abrège frère écourtait plus souvent des vidéos de femmes que d’hommes.

Un phénomène qui pourrait s’expliquer par le fait que ces formats de storytimes seraient particulièrement prisés par les femmes, même s’il n’existe pas de chiffres pouvant le démontrer, comme le souligne Hélène Bourdeloie, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Sorbonne Paris Nord.

D’autant que ce concept a fini par amener des vagues de haine pour plusieurs créatrices, dans leurs commentaires ou dans ceux d’Abrège frère. Désormais, « dès qu’il y a une meuf qui parle pendant plus d’une minute sur Tiktok et que son Tiktok marche bien, vous êtes sûrs de trouver au moins cinq commentaires de personnes qui vont tagger Abrège frère en lui disant des trucs hyper violents », estime Alena dans une vidéo publiée cette semaine. Eloise Delhaye a également déploré « les harcèlements massifs sous les vidéos de Abrège frère qui ne sont absolument pas modérées ».

C’est d’utilité publique.

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Si dans l’absolu les femmes devraient être interdites d’utiliser internet, il devrait y avoir au minimum une limite de 30 secondes aux vidéos produites par des femmes.

Il s’agit d’économiser de la bande passante, ce qui est bon pour le climat, et d’éviter que l’attention du public masculin présent sur la plateforme ne soit vampirisée.

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Inès, par exemple, a raconté le début février avoir reçu « un commentaire qui disait que j’étais une… ça rime avec antilope », « que toutes les femmes devaient (signe de tuer quelqu’un, NDLR) et que si on me croisait dans la rue, on allait m’enfoncer un objet tranchant en plein dans la gorge ». Tout cela « parce que ma vidéo était trop longue, qu’il avait la flemme d’écouter et que je devais abréger ».

« On peut trouver la chose drôle au début, mais comme toute forme d’humour qui est basé sur le fait de se foutre de la gueule des femmes, ça tourne en shitstorm (déferlement de haine, NDLR) pour nous et en grosse, grosse vague de misogynie et en climat juste hostile sur les réseaux sociaux », dénonce encore Alena.

Si les femmes parlent pour ne rien dire, c’est à cause de la misogynie.

@abregefrere Abrege stp #abregefrere #storytime #storyrtimelong ♬ son original – abregefrere

Dans sa vidéo, Alena a aussi précisé qu’elle ne pensait pas que « le but » d’Abrège frère était d’être misogyne, mais qu’elle déplore surtout les « répercussions de ce compte ».

Contacté par Tech&Co, « Abrège frère » n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Pour Hélène Bourdeloie, les tiktokeuses n’ont « pas tort » quant au sous-texte sexiste de ce phénomène. « Que ce soit hors ligne ou en ligne, beaucoup de travaux montrent tous les mécanismes mis en œuvre pour ‘silencier’ les femmes, considérées comme moins intéressantes », développe-t-elle. Si « socialement et culturellement », les femmes sont, « en tout cas dans les sociétés occidentales, plus enclines à la communication et au relationnel », cela n’a « évidemment rien de génétique », ajoute la sociologue.

« Cibler ainsi les femmes est encore une manière de les essentialiser et donc de considérer qu’elles seraient naturellement volubiles et que ce comportement serait immuable. En réalité, un tel comportement conduit à les discriminer et les vulnérabiliser, ce qui est très fréquent dans le monde traditionnel et amplifié dans les mondes numériques », observe Hélène Bourdeloie.

La femme bavarde Hélène Bourdeloie pense que les femmes ne bavardent pas

Les tiktokeuses appellent donc les personnes qui ne sont pas intéressées par ce qu’elles ont à dire à simplement passer leur chemin. « Tous les mecs qui commentent – parce que c’est pratiquement que des hommes, on va pas se le cacher – qui nous disent d’abréger, etc.: notre contenu ne s’adresse pas à vous« , affirme Eloise Delhaye.

Ces succubes veulent des réseaux sociaux en non-mixité.

Il est superflu d’expliquer aux hommes que cela revient à abolir les réseaux sociaux. Le principe de base des réseaux sociaux est de mettre en relation des gens qui ne se connaissent pas.

Mais les femmes sont prêtes à détruire les bases des rapports sociaux si cela ne leur permet pas de tout faire graviter autour de leur hypergamie.

L’algorithme de Tiktok fait arriver des personnes pas nécessairement ciblées par ces contenus sur les pages de ces créatrices, qui ont souvent des communautés qui leur ressemblent. « Les communautés en ligne sont effectivement genrées mais cela dépend beaucoup du réseau social (Instagram est une technologie visuelle massivement investie par les femmes) et des causes concernées » qui sont « très marquées d’un point de vue du genre », explique Hélène Bourdeloie. « Par exemple, le bodypositivisme est un mouvement très féminin qui englobe des communautés très féminines », illustre-t-elle.

Les femmes complexées par leur physique (toutes) saturent les réseaux sociaux, mais il ne faut pas essentialiser et réduire les femmes à leur physique.

Polska Ride propose aussi aux personnes qui trouvent ses vidéos de plus d’une minute trop longues à « swiper »: « si tu n’arrives pas à le faire, si c’est trop compliqué pour toi, si tu veux je te bloque, je prends l’initiative », ironise-t-elle.

La tiktokeuse Chloë Gervais s’est même franchement énervée face au commentaire d’un homme qui citait Abrège frère: « c’est fou de penser que tout le fucking contenu est pour vous ». Le commentaire a été publié sous un Tiktok où elle montrait sa tenue pour la journée. « Si tu veux les (références des vêtements), tu regardes la vidéo, si tu veux pas tu regardes pas », résume-t-elle. Avant d’exploser: « je montre ma tenue, je montre mon chien, je parle évidemment aux gens qui me suivent, gros con putain de merde ».

Ces femmes narcissiques sont sur les réseaux sociaux pour de la validation sociale. Leur identité personnelle et leur marque se confondent dans leur compte TikTok ou Instagram, l’outil de leur autopromotion. Leur valeur est indexée sur le nombre de vues, de followers, de likes, de commentaires qu’elles génèrent. Plus elles ont d’étendue, plus les possibilités sociales s’élargissent. Vivre de placement de produits de beauté est le rêve de nombre de ces tiktokeuses.

Dans l’esprit d’une femme, en cette ère d’hypergamie terminale, les hommes ne peuvent pas utiliser l’instrument pour les invalider, donc ruiner leur marque. C’est une voie à sens unique et nous sommes censés nous soumettre.

@eloisedelhayeChers hommes et fan de @ abrège frère : vous n’êtes pas la cible de notre contenu, laissez nous TRANQUILLE♬ son original – Eloise Delhaye

Non.

Les traînées doivent être résolument évaluées et ramenées à leur véritable valeur, laquelle finit invariablement à zéro.

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