Quand les rois de France luttaient contre l’immigration noire pour juguler le métissage

La rédaction
Démocratie Participative
14 février 2024

 

De bien vilaines idées ont cours en ce moment avec cette histoire de droit du sol. Ainsi, de ce Serbe marxiste qui redoute que les portes de l’invasion ne soient fermées aux métèques auxquels il s’identifie et qui cite fielleusement la monarchie pour faire la guerre aux Français de sang !

La monarchie française était un régime raciste et antisémite. Pour cette seconde qualité, le fait est établi, c’est donc le premier qui nous intéresse.

Le royaume de France a très tôt entrepris de lutter contre le métissage en stoppant l’apport de sang nègre en France, mais aussi en remigrant les cafres présents sur le territoire français. Il a également fait face, quoique très marginalement, aux débuts d’une agitation antiraciste à caractère politique.

Une étude fait le point à ce sujet. Elle mérité d’être lue.

Cairn :

Grâce à deux enquêtes ministérielles, dont la première est inédite, nous avons connaissance de la présence d’individus de couleur sur le territoire comtois si éloigné des métropoles et des ports du royaume. Nous en exposons les résultats ici et évoquons le cahier de doléances de la commune de Champagney qui demande l’abolition de l’esclavage. Dans le royaume, déjà au début du XVIIIe siècle, et sous la pression des colons et des officiers en poste dans les colonies, le régent Philippe d’Orléans leur permet en 1716 de pouvoir séjourner en France avec les esclaves de leur maison. Par cet édit, les esclaves qui viennent en France pour y apprendre un métier ou parfaire leur instruction religieuse conservent leur statut, sous condition d’une autorisation préalable de l’administration coloniale et d’un enregistrement au tribunal de l’amirauté du port d’arrivée. Ce texte a pour conséquence la légalisation de l’esclavage sur le sol français. Néanmoins cet édit ne fixant aucune limite temporelle au séjour des esclaves enregistrés, la population noire augmente sensiblement dans les ports de l’Atlantique et de la Méditerranée, et même dans la capitale où les jeunes serviteurs noirs représentent un signe extérieur de richesse pour leurs maîtres. Dans le climat de fièvre commerciale des années de Régence, l’édit d’octobre 1716 ne fait rien moins qu’introduire une parenthèse autorisant en fin de compte l’esclavage en France (1).

Philippe d’Orléans

Quelques années plus tard, sous le règne de Louis XV, la déclaration du roi du 15 décembre 1738 rompt avec le laxisme de la Régence et limite désormais le séjour des esclaves sur le sol français à trois années. Cette loi interdit également le mariage des esclaves, leur vente ainsi que tout affranchissement sur le sol métropolitain (à l’exception notable de dispositions testamentaires). Ce texte vise également à éviter la multiplication des affranchissements et le mélange des sangs noirs et blancs dans le royaume. Le monarque donne désormais la priorité, non plus aux colons, mais à la préservation de l’ordre colonial. En effet, le pouvoir souhaite éviter à tout prix des esclaves ayant séjourné longtemps en France et qui s’imaginent libres une fois de retour aux colonies car nantis d’habitudes et d’un esprit d’indépendance susceptibles d’avoir des conséquences fâcheuses sur le maintien de l’ordre dans les colonies [2]. Concernant l’esclavage, ce furent les Lumières du XVIIIe siècle qui portèrent les condamnations les plus radicales.

En France, c’est dans le sillon de Prévost, Saint-Lambert, Montesquieu, Rousseau, Voltaire et surtout Diderot et Raynal que les coups les plus rudes furent portés contre l’institution. Aux anathèmes des philosophes se joignit la sentence des économistes (Mirabeau père, Dupont de Nemours, Turgot, Condorcet, Adam Smith) pour qui l’esclavage était une forme de travail archaïque, le salariat libre lui étant économiquement préférable. De plus, au royaume de France, la jurisprudence était sans ambiguïté aucune : « La France, mère de liberté, ne permet aucun esclave sur son sol » ; ce qui interdisait théoriquement aux colons d’amener des esclaves comme domestiques en France. Malgré tout, à partir des années 1740, le nombre de Noirs ne cessa de croître, à Bordeaux, Nantes, La Rochelle et surtout Paris[3]. Dans des ports et dans la capitale du royaume, cette présence de non-Blancs s’explique par le commerce colonial et la traite négrière, mais en Franche-Comté, elle méritait d’être étudiée, c’est ce que je tenterai ici, en explicitant les contextes nationaux et locaux.

L’enquête de 1763

Près de trois décennies plus tard, le pouvoir royal toujours aussi préoccupé par la situation des noirs en métropole lance une enquête [4] par l’intermédiaire du duc de Choiseul [5]. Nous trouvons trace de cette enquête dans le fonds de l’Intendance de Franche-Comté aux Archives départementales du Doubs [6]. Une lettre du duc de Choiseul de Versailles en date du 30 juin 1763 à l’attention de l’intendant stipule en effet que :

« Le roy étant informé, Monsieur, qu’il y a actuellement en France un nombre considérable de nègres esclaves […], Sa Majesté a jugé indispensable de faire repasser tous ces esclaves sans distinctions, dans la colonie d’où ils sont sorti, non seulement pour les rendre aux cultures qui souffrent leur absence, mais encore pour faire cesser le désordre qu’ils ont introduit dans le royaume par leur communication avec les blancs, dont il est résulté un sang meslé qui augmente tous les jours. Sa Majesté m’a ordonné en conséquence de vous marquer que son intention est que vous fassiez avertir tous ceux de votre généralité qui auront des esclaves, soit à leur service, soit en apprentissage […], de les renvoier d’ici le 15Xbre prochain dans les colonies d’où ils sont venus. Sa Majesté désire que vous m’envoyiez une liste des esclaves qui se trouvent dans votre généralité. »

Comme nous, Louis XV, en monarque sage et bienveillant, était furieusement raciste

Dans le dossier concernant cette enquête, nous trouvons les réponses des subdélégués de la province. Celui de Besançon en dresse un état exhaustif :

  • François dit Zeplier – de Madagascar, au service de M. de Cossigny, directeur des fortifications de Franche-Comté, était esclave petit enfant à son service lorsqu’il était à travailler aux fortifications de l’Isle de France – LIBRE
  • Simon – de Saint-Domingue, au service de M. le comte de Beaunay demeurant chez M. de Saint-Simon, commandant à Besançon – LIBRE
  • Françoise Fanine – Saint-Domingue, au service des enfants de M. Mariany, fille d’esclave de M. Mariani lorsqu’il avait un établissement à Saint-Domingue, elle est chez Mme Gresset avec les deux enfants, faible santé. Elle devrait retourner dans les îles dans deux ans avec les fillettes.

Quant à celui de Vesoul [7], il signale qu’il y a une petite « négresse » âgée de 10 ans au service de M. de Lavergne et qui était de condition libre. L’intendant de répondre au duc de Choiseul le 7 octobre 1763 en ces termes : « Après les recherches les plus exactes, il ne s’est trouvé dans mon département que 2 nègres et 2 négresses. » Il n’y a donc à cette époque que quatre individus de couleur présents sur le territoire comtois.

Quatre nègres dans l’ensemble de la Franche-Comté en 1763, ce chiffre, qui ferait rêver n’importe qui aujourd’hui, était pourtant, à juste titre, considéré comme un nombre proprement effrayant par les autorités.

Quelques mois plus tard, sans doute aux vues des résultats de cette enquête qui a concerné tout le royaume, le ministre fait ses recommandations à l’intendant par une lettre du 7 janvier 1764 en date de Versailles :

« Le roy ayant été informé, Monsieur, qu’il reste encor dans le royaume beaucoup de nègres, négresses et mulastres esclaves que leurs maîtres n’ont pu renvoyer aux colonies, conformément aux ordres qui leur en ont été donnés, Sa Majesté a bien voulu prolongé jusqu’au 1er avril exclusivement le terme qui leur avoit été fixé pour ce renvoy, et son intention est de ne plus accordé d’autre délai sous quelques prétexte que ce puisse être. Je vous prie d’en prévenir tous les habitants des colonies qui sont dans votre généralité. »

Apparemment, cette enquête reste lettre morte puisqu’aucun texte législatif n’en découlera. Néanmoins, cela démontre que l’inquiétude vis-à-vis de la présence noire et métisse sur le sol français est toujours prégnante au sein du pouvoir royal. Un document témoigne de l’obsession royale et ministérielle d’une certaine ségrégation raciale, osons le mot. En effet, en mai 1771, le ministre de la Marine et des Colonies Pierre-Étienne Bourgeois de Boynes [8] envoie aux Administrateurs des colonies françaises des Caraïbes au sujet de deux individus souhaitant que des lettres patentes les déclarent « issus de race indienne » le texte suivant, il est édifiant :

[…] Sa Majesté n’a pas jugé à propos de la leur accorder ; elle a pensé qu’une pareille grâce tendrait à détruire la différence que la nature a mise entre les Blancs et les Noirs, et que le préjugé politique a eu soin d’entretenir, comme une distance à laquelle les gens de couleur et leurs descendants ne devaient jamais atteindre ; enfin qu’il importait au bon ordre de ne pas affaiblir l’état d’humiliation attaché à l’espèce dans quelque degré qu’elle se trouve, préjugé d’autant plus utile qu’il est dans le cœur même des esclaves, et qu’il contribue principalement au repos des Colonies : Sa Majesté a approuvé en conséquence que vous ayez refusé de solliciter pour les sieurs […] la faveur d’être déclarés issus de race Indienne, et elle vous recommande de ne favoriser sous aucun prétexte les alliances des Blancs avec les filles de sang mêlé. […] . [Ceci] vous prouve combien Sa Majesté est déterminée à maintenir le principe qui doit écarter à jamais les gens de couleur, et leur postérité de tous les avantages attachés aux Blancs[9].

Nous sommes 169 ans avant l’avènement du national-socialisme en Allemagne et la France dispose déjà d’une politique d’état raciale.

Ceux qui firent obstruction n’étaient autres que les bourgeois, déjà soucieux de disposer d’immigrés pour les métiers en tension dont ils tiraient leur fortune.

Ce texte sans équivoque est symptomatique du contexte répressif de cette époque en matière de traitement des minorités raciales dans le royaume de France à la fin de l’Ancien Régime. Néanmoins, après cette date, les maîtres cessent de déclarer leurs Noirs, et les négociants se sont concertés, comme à Nantes, pour adresser le 9 février 1764 au ministère un mémoire en forme de supplique, réclamant « que les propriétaires de nègres esclaves soient dispensés d’envoyer aux colonies ceux qui étaient en France depuis plus d’un an et trop âgés », pour pouvoir se révéler « utiles » aux colonies [10].

L’enquête de 1775-1776

Sous Louis XVI, la fermeture des portes du royaume aux noirs et métis est amplifiée sous l’impulsion d’Antoine de Sartine [11] alors ministre de la Marine. C’est à la suite d’une enquête administrative, dont vous trouverez ci-après l’exemple comtois que la déclaration pour la police des noirs du 9 août 1777 sera promulguée. Là encore, aucune trace dans l’ouvrage de Bertrand Gille, cité plus haut. Néanmoins, Érick Noel dans son ouvrage [12] l’a très bien étudiée, mais la partie comtoise a échappé à sa sagacité, nous réparons ici cet oubli involontaire.

Antoine de Sartine, combattant raciste

Le ministre adresse à l’intendant de Franche-Comté une missive le 15 novembre 1775 en date de Fontainebleau annonçant qu’il lance une enquête nationale : « Sur le compte que j’ay rendu au roy, Monsieur des noirs de l’un et de l’autre sexe qui se trouve actuellement, Sa majesté a jugé nécessaire au bien de son service d’être informé du nombre de ceux qui se trouvent aujourd’hui dans votre généralité ». Dans le dossier des Archives du Doubs nous trouvons des « états des nègres et négresses en France » pour l’année 1776 dressés par certains subdélégués de la province. Celui d’Orgelet [13]signale qu’ « il n’y a dans cette subdélégation ny nègres, ny nègres libres. Certifié par nous subdélégué d’Orgelet. Le 23 décembre 1776 De Merona ». Quant à celui de Saint-Amour [14], il répond à son supérieur hiérarchique qu’« il n’y a aucun nègres, ny négresses dans l’étendue de cette subdélégation, ce que je soussigné subdélégué. Certifié véritable à Saint-Amour le second janvier 1777. François ». Son collègue de Lons-le-Saunier [15][15]Ibid. répond le 23 décembre 1776 qu’« il n’est arrivé dans le département de Lons-le-Saunier ny nègre, ny négresses libres ». Néanmoins, il signale la présence d’un esclave du nom d’Hector, âgé de 16 ans et arrivé à Lons-le-Saunier le 15 mai 1774 et qui est apprenti cuisinier et perruquier. Il est au service de M. Titon, capitaine à la suite de l’infanterie, ci-devant major du bataillon Saint-Pierre de la Martinique et qui possède une habitation au quartier des pêcheurs de cette île. Cet esclave est à son service depuis octobre 1766 et il a été acheté à La Martinique à M. de La Mothe.

L’infection négroïde a débuté à Lons-le-Saulnier le 15 mai 1774 

Le subdélégué de Quingey [16] informe l’intendant le 28 décembre 1776 de la présence d’une personne de couleur sur le territoire de son ressort. Il s’agit d’un certain Domingue, âgé de 40 ans, arrivé en 1771. Il est domestique à Buffard [17][17]Ibid. au service depuis 20 ans du baron de Maty, ancien capitaine. Il avait été acheté à Pondichéry. Il est désormais libre et son maître le salarie comme ses autres domestiques. Malgré toutes nos recherches nous n’en avons trouvé aucune trace dans les registres paroissiaux.

À Pontarlier [18], on répond qu’« il n’y en a point ni libre ni esclave ». En revanche, le subdélégué de Gray [19] écrit le 9 janvier 1777 qu’il y a un nègre libre nommé Pierre-Gaspard, dit Africain, arrivé de La Martinique à Nantes en 1726, alors âgé de 3 ans. Il fut donné en présent au directeur général des monnaies de France par la direction de la Monnaie de Nantes. Il s’est marié le 28 janvier 1755 à une orpheline de 25 ans nommée Jeanne-Françoise Pretet[20], dans l’acte de mariage il est qualifié de « nègre de nation » et de timbalier au régiment du Roi Cavalerie. Ils eurent même une fille née en mai 1756. De plus, il jouit d’une pension d’invalide de 72 livres par an pour avoir servi en qualité de timbalier dans le régiment du Colonel Général, il réside à Frasne-le-Château [21]. Ceci tendrait à démontrer une certaine tolérance des populations et du clergé de la ruralité profonde comtoise vis-à-vis d’un non-Blanc.

Malheureusement, plus de la moitié des subdélégations comtoises manquent à l’appel dans le dossier, dont et surtout celle de Besançon, où la présence noire ne fait presque aucun doute. La preuve en est dans le recensement de 1807 [22], qui nous fait part que cette année-là, il y a dans l’ancienne capitale comtoise, devenue préfecture du Doubs 9 individus non-Blancs, dont 7 « mulâtres » et 2 noirs. On compte parmi eux 6 hommes et 3 femmes. Il est raisonnable de penser que lors de l’enquête de 1777, la population de non-Blancs à Besançon devait se situer autour d’une dizaine d’individus, dans une ville d’environ 20 000 habitants, soit 0.0005 %.

C’est extrêmement élevé !

Il y a tout lieu de croire que dans la capitale de la généralité de Besançon ainsi que sur tout le territoire comtois, cette présence noire et métisse, était due en large partie au tropisme militaire de cette province frontière qui fournissait de très nombreux militaires de tous rangs aux armées royales, et ce depuis la fin du XVIIe siècle. Quelques-uns de ces militaires, à l’occasion d’une affectation dans les colonies françaises ont sans doute souhaité ramener un « souvenir » de ce lointain et exotique périple. Les résultats des deux enquêtes en Franche-Comté sont probants à cet égard. En effet parmi les maîtres et/ou propriétaires de ces non-Blancs, on peut noter que les militaires sont majoritaires – et ce contrairement à la norme dans le reste du royaume où les colons et négociants sont prédominants dans la possession d’esclaves : on trouve ainsi un directeur des fortifications de Franche-Comté, un capitaine à la suite de l’infanterie et un ancien capitaine. De plus, un de ces non-Blancs était lui-même un ancien militaire, en l’occurrence timbalier dans le régiment du Colonel Général. D’ailleurs, il est clair que les conflits armés ont joué un rôle non négligeable dans le renouvellement des populations ramenées d’outre-mer en France .

Il apparaît des résultats nationaux de cette enquête, fort bien analysés par Érick Noel, que la population non blanche représente 0.6 % des Parisiens (environ 4 000), 0,9 % des Nantais et 0,4 % des Bordelais[24], donc bien loin devant de Besançon. Plus proche de la Franche-Comté, la Bourgogne aurait compté au moins 8 non-Blancs, dont 4 à Dijon, 1 à Auxonne [25], 1 à Cortambert [26], 1 à Louhans [27], et 1 à Pierre [28]. Un peu plus loin, mais tout autant à l’intérieur des terres, l’Auvergne semble avoir accueilli également au moins 6 non-Blancs[30][30]Ibid., p. 270.

1% de la population nantaise composée de nègres !

Pas moins de 4,000 cafres à Paris en plein 1777 !

Le virus négroïde était déjà enkysté.

Concernant cette enquête si riche d’informations, les procureurs de certaines juridictions (sans doute bailliages) sont tenus, si l’on reprend le contenu de la lettre adressée à l’un d’eux le 24 décembre 1776, de répertorier les individus recensés en indiquant leur sexe, « la date de leur arrivée, leur état et leur âge », tout en distinguant aussi ceux qui avaient « suivi leurs maîtres » de ceux qui avaient « été affranchis », ceux qui avaient été transmis par testament, échangés ou vendus », et enfin les cas de mariages après débarquement sur le sol de France. II n’en demeure pas moins que l’application des directives ministérielles est loin d’avoir été identique partout. Si dans les généralités de l’intérieur, comme à Dijon ou Besançon où l’Intendance a pu recevoir de chacune de ses subdélégations les états demandés, les informations ont pu être d’autant plus détaillées que les Noirs étaient peu nombreux [31]. Les résultats, quoique lacunaires de Besançon, en sont la preuve.

L’ensemble du royaume a fourni des éléments de réponse permettant à Érick Noël d’établir les contours sociologiques de 1 462 individus vivant en France en 1777. Ce répertoire recompose ainsi sans doute environ 30 % des hommes et des femmes se trouvant effectivement en métropole la veille de la guerre d’Amérique [32] selon les estimations de l’auteur.

Au point de vue législatif, le résultat de cette enquête est la déclaration du 9 août 1777 intitulée : « Pour la police des noirs » qui expose en préambule que le souverain est :

[…] informé aujourd’hui que le nombre de noirs s’y est tellement multiplié, par la facilité de la communication de l’Amérique vers la France, qu’on enlève journellement aux colonies cette portion d’hommes la plus nécessaire pour la culture des terres, en même temps que leur séjour dans les villes de notre royaume, surtout dans la capitale, y cause les plus grands désordres ; et lorsqu’ils retournent dans les colonies, ils y portent l’esprit d’indépendance et d’indocilité et y deviennent plus nuisibles qu’utiles[33].

Et bien c’est exactement comme ces immigrés qui viennent de leur Afrique natale. En quelques mois, ils acquièrent la conviction de leur domination sur les Blancs et sèment aussitôt les pires désordres.

Louis XVI voulait remigrer tous ces parasites.

Que dirait-il, aujourd’hui, face aux millions de cafres qui courent librement les rues de France ? Il aurait certainement déployé l’armée dans les rues si elle n’était pas tout autant composée de noirs.

Ces quelques lignes illustrent l’esprit utilitariste qui prévaut lors du traité de Paris de 1763 par lequel l’aïeul de Louis XVI abandonna les immenses arpents de neige de la Nouvelle France, dont les Anglais avaient compris le potentiel commercial et stratégique, pour les petites mais très riches îles des Caraïbes. Ces colonies se doivent de rapporter beaucoup, et pour ce faire les esclaves sont tenus de demeurer enchaîner aux cultures, dociles à leurs colons de maîtres. Une certaine forme de « racisme » est d’ailleurs sous-jacente dans ce texte. Dans le corps de cette loi, il est fait interdiction à tous les sujets du roi de France d’amener « aucun noir, mulâtre, ou autres gens de couleur »[34] sur le territoire de la métropole sous peine de 3000 livres d’amende. Concernant ceux qui sont déjà présents en France à la publication de cette loi leurs propriétaires où eux-mêmes s’ils sont libres furent dans l’obligation de déclarer leur présence au tribunal royal le plus proche de leur domicile [35]. De plus, il est désormais interdit aux propriétaires d’esclaves de les affranchir pendant leur séjour en France . Suite à cette déclaration, les propriétaires d’esclaves qui souhaitent s’y conformer, s’inquiètent de ne pas être en mesure de respecter le délai d’un mois pour les renvoyer dans les colonies. Un arrêt du Conseil d’État du Roi rendu le 7 septembre 1777 remédie au problème en accordant un nouveau délai de 2 mois afin d’obtempérer à la décision royale [37]. Le souci du pouvoir royal de contrôler la présence des noirs ou gens couleurs sur le territoire français était tel, qu’il publie une ordonnance le 23 février 1778 « portant défense de laisser débarquer aucuns noirs ou gens de couleur, avant d’en avoir fait rapport à l’amirauté »[38]. Quelques mois plus tard, un arrêt du conseil du 5 avril 1778 interprétant la déclaration du 9 août porte « défense de célébrer mariage entre les blancs, noirs, mulâtre et autres gens de couleur, et à tous notaires de passer aucun contrat entre eux »[39].

Louis XVI, roi raciste

Quelques années plus tard en 1783, un nouveau ministre des Colonies : le marquis de Castries [40] se préoccupe de l’application de la déclaration de 1777, surtout au départ des colonies. En effet, à l’instar de son prédécesseur, il envoie une missive aux administrateurs des colonies des Caraïbes pour leur rappeler « qu’il débarque, MM., journellement en France des Nègres et Négresses domestiques, qui sont arrêtés à leur arrivée dans le port » et ce malgré l’interdiction portée par le texte cité ci-dessus. Il leur enjoint notamment d’imprimer ce texte et de l’afficher partout dans les colonies. De plus, il affirme que « Sa Majesté a permis aux colons d’amener un Noir pour les servir pendant la traversée ; mais journellement chaque habitant en amène jusqu’à trois ou quatre. D’autres, et cela se répète très souvent, n’amènent que des Négrillons de 4, 5 et 6 ans, et même plus jeune. On ne peut certainement les considérer comme des domestiques propres à servir dans la traversée » [41][41]Moreau de Saint-Mery, Loix et constitutions des colonies….

Le patronat était à la tête d’une filière d’immigration clandestine !

Un âge minimum est donc fixé à 15 ans. Les habitudes sont donc très difficiles à changer parmi les colons. Le contexte « racial » en apparence répressif de cette fin d’Ancien Régime étant fixé, envisageons un épilogue comtois et national plus tolérant.

En effet.

La catastrophe démocratique est arrivée en 1789 et avec elle l’agitation antiraciste qui n’a plus cessé.

Le cahier de doléances de Champagney

Début 1789, au moment où la France préparait la réunion des États Généraux, la question de l’esclavage paraît lointaine aux Français aux prises avec des conditions d’existence parfois difficiles. Pourtant, ce sujet n’est pas totalement absent des consciences, comme en témoignent les cahiers de doléances rédigés par certaines paroisses rurales, villes, ainsi que par les trois ordres des bailliages et sénéchaussées.

Contrairement aux affirmations répétées trop à l’envi, les cahiers de 1789 n’ont pas été totalement silencieux concernant la traite et l’esclavage : affirmer qu’un seul et unique cahier (celui de Champagney) a exprimé l’indignation des habitants face aux pratiques coloniales est inexact. La réalité est plus nuancée et la question de l’esclavage a été soulevée par un nombre non négligeable de cahiers. La répartition de ces cahiers montre cependant une France coupée en deux, selon une ligne allant de la basse Loire au Jura, en passant par Châtellerault et Charolles : 80 % des doléances exprimées sur l’esclavage se trouvent au nord de cette ligne, qui recoupe presque fidèlement la ligne séparant la France fortement alphabétisée et celle qui l’était peu.

Il est admis que tous les cahiers ont été rédigés par des notables instuits, lesquels étaient souvent membres de la franc-maçonnerie.

Ce n’est pas le paysan bourguignon qui s’est spontanément pris de pitié pour des nègres d’îles lointaines, mais l’action politique de pré-mélenchonistes ayant trop lu Rousseau.

D’autres Français que les habitants de Champagney, s’émeuvent du sort réservé aux esclaves, ce fut le cas pour le Tiers-État dans les paroisses suivantes : Lucy-sur-Yonne (Yonne), Barbechat et La Renaudière (Loire-Atlantique), Morieux (Côtes-d’Armor), Cherbourg (Manche) et Bagnères (Hautes-Pyrénées). Au niveau des bailliages, et en ne prenant en considération que les plus proche de la Franche-Comté, les cahiers du Tiers État des bailliages de Besançon et de Charolles, ainsi que celui de la noblesse du bailliage de Chaumont, s’intéressent de façon bienveillante aux victimes de l’esclavage et du colonialisme. Nationalement, c’est le cas d’une vingtaine de cahiers du clergé et d’une douzaine de la noblesse, toujours au niveau des bailliages [42]. L’intérêt pour la cause des esclaves ne se limite pas comme on l’a longtemps cru au modeste village comtois qu’était Champagney [43].

Malgré une présence très peu importante de gens de couleurs en Franche-Comté sous l’Ancien Régime, en 1789, lorsque les villages et villes de France rédigent leurs cahiers de doléances pour la convocation des États généraux, les habitants de Champagney (Haute-Saône) alors important bourg minier, incluent dans leur cahier un article que l’on retrouve rarement dans les cahiers de doléances (l’article 29). Cet article condamne sans ambages et énergiquement l’esclavage et réclame son abolition. Voici le texte de cet article :

« Les habitants et communauté de Champagney ne peuvent penser aux maux que souffrent les nègres dans les colonies, sans avoir le cœur pénétré de la plus vive douleur, en se représentant leurs semblables, unis encore à eux par le double lien de la religion, être traités plus durement que ne le sont les bêtes de somme. Ils ne peuvent se persuader qu’on puisse faire usage des productions des dites colonies si l’on faisait réflexion qu’elles ont été arrosées du sang de leurs semblables : ils craignent avec raison que les générations futures, plus éclairées et plus philosophes, n’accusent les Français de ce siècle d’avoir été anthropophages, ce qui contraste avec le nom de français et encore plus celui de chrétien. C’est pourquoi, leur religion leur dicte de supplier très humblement Sa Majesté de concerter les moyens pour, de ces esclaves, faire des sujets utiles au royaume et à la patrie[44].

Ce bourg était manifestement pris en otage par une loge particulièrement radicale

Champagney

C’est si effrayant qu’une « maison de la négritude et des droits de l’homme » a été ouverte dans cette commune il y a un demi-siècle

Ce texte d’avant-garde est vraisemblablement à l’initiative d’un noble originaire de Champagney, Jacques-Antoine Priqueler, proche de la « Société des amis des Noirs » créée à Paris en 1788. Ce sont cependant l’esprit de fraternité et le respect de la dignité de son prochain qui font office de justification, en tant que qualités inhérentes à la foi chrétienne. Ce texte rédigé le 19 mars 1789 au nom des « habitants et communauté de Champagney » est signé par la quarantaine de représentants de la communauté. Cette initiative voit sa mémoire perpétuée de nos jours par la présence dans cette commune d’une Maison de la Négritude. L’origine de la tolérance des habitants de cette contrée perdue des confins de la Franche-Comté réside sans doute dans le fait que la province, et notamment Champagney qui fait partie des possessions de l’abbaye de Lure [45], connait encore la mainmorte, forme certes très atténuée du servage médiéval, mais qui entrave la liberté d’acquisition et de mouvement d’environ un tiers des Comtois. L’esclavage des noirs entrait peut-être en résonance avec leur propre condition de mainmortable ou celle de leurs voisins.

Le mythe de l’égalité raciale était déjà théorisé par cette société woke de protestants anglais.

Ne suis-je pas un homme : ton frère (non)

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est la démographie terrifiante des noirs d’Afrique, là aussi résultat direct du besoin pathologique des Blancs infectés d’humanitarisme pour sauver ces cafres des conséquences de leur négritude.

Quoi qu’il en soit, on le voit, les rois de France ont très tôt senti le péril racial et mobilisé l’appareil d’état pour le combattre. On voit également le rôle funeste de la bourgeoisie commerçante, toujours prompte à organiser l’immigration et ce dès le 18ème siècle.

Pour sauver la civilisation, racisme et autoritarisme sont absolument nécessaires.

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